Origines bioculturelles du capital humain

  • juillet 26, 2022
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La substitution de la quantité d’enfants à la qualité a été créditée pour la sortie de l’humanité du piège malthusien et l’avènement d’une croissance économique soutenue. Cette colonne soutient que les préférences bioculturelles pour la qualité ont fait face à une pression de sélection positive dans l’ère de pré-croissance, présentant des preuves de la population fondatrice du Québec. Les individus à fécondité modérée avaient moins d’enfants que ceux à fécondité élevée, mais produisaient plus de descendants à long terme parce que leurs enfants avaient un succès reproducteur plus élevé.
Le passage d’une époque de stagnation à une ère de croissance économique soutenue a déclenché l’une des transformations les plus importantes de l’histoire de l’humanité. Alors que le niveau de vie a stagné pendant des millénaires avant la révolution industrielle, le revenu par habitant a été multiplié par douze sans précédent au cours des deux derniers siècles. Cela a profondément modifié le niveau et la distribution de l’éducation, de la santé et de la richesse à travers le monde (Maddison 2001).
Pendant la plus grande partie de l’existence humaine, les forces de la sélection naturelle ont façonné la composition de la population. Les lignées dont les traits étaient complémentaires à l’environnement économique généraient des revenus plus élevés et donc un succès reproducteur plus élevé. La propagation progressive des traits favorisant la croissance a vraisemblablement contribué au développement et au décollage de la stagnation. En particulier, on émet l’hypothèse que pendant l’époque de stagnation, la sélection naturelle a augmenté la représentation des traits associés à la prédisposition à la qualité de la progéniture. Ce processus évolutif a favorisé la formation de capital humain et a contribué au renforcement de l’interaction entre l’investissement dans le capital humain et le progrès technologique qui a déclenché la transition démographique et une croissance soutenue (Galor 2011, Galor et Moav 2002).
Fécondité modérée et succès reproducteur à long terme
Nos recherches récentes explorent les origines bioculturelles de la formation du capital humain et de la croissance économique (Galor et Klemp 2014). Il présente la première preuve qu’une fécondité modérée (et donc une prédisposition à investir dans la qualité de l’enfant) était propice au succès reproducteur à long terme au sein de l’espèce humaine. Cela suggère en outre que les individus ayant des niveaux de fécondité inférieurs à la médiane jouissaient d’un avantage évolutif à l’ère de la transition pré-démographique. Ces résultats accréditent l’hypothèse selon laquelle, à l’époque de la stagnation, la sélection naturelle a favorisé les personnes ayant une fécondité plus faible et une plus grande prédisposition à la qualité de l’enfant, contribuant à la formation de capital humain, à la transition démographique et à la croissance.
Témoignage d’une vaste généalogie d’un demi-million d’individus au Québec
À l’aide d’un vaste registre généalogique de près d’un demi-million d’individus au Québec entre le XVIe et le XVIIIe siècle, nous examinons l’effet de la fécondité sur le nombre de descendants au cours des quatre générations suivantes pour les premiers habitants de la province canadienne. À la lumière de la norme sociale québécoise préindustrielle observée où le mariage marquait l’intention de concevoir (figure 1), la recherche exploite la variation de la composante aléatoire de l’intervalle de temps entre la date du premier mariage et la première naissance afin de capter l’effet de fécondité sur la condition physique.
La recherche atténue les obstacles à l’identification de l’effet de la fertilité sur le succès reproducteur à long terme en se concentrant sur l’effet de la fécondité plutôt que sur la fertilité. En outre, il conçoit une stratégie empirique qui exploite l’incertitude inhérente au processus de reproduction humaine pour l’identification. Puisque la fécondité reflète des facteurs génétiques et socio-environnementaux, l’intervalle de temps entre la date du premier mariage et la première naissance est affecté par la prédisposition génétique, les conditions socio-environnementales et la réalisation d’éléments aléatoires qui affectent la conception. En tenant compte d’une gamme de facteurs de confusion génétiques et socio-environnementaux qui peuvent affecter le succès de la reproduction, le moment de la première naissance et la qualité de la progéniture, l’étude tente d’isoler l’effet des variations aléatoires dans le temps entre le mariage et la première naissance entre les individus. . En particulier, les facteurs génétiques, ainsi que culturels et socio-économiques qui peuvent affecter la fécondité sont pris en compte par l’inclusion des effets fixes maternels fondateurs. Nous identifions l’effet de la fécondité sur le succès reproducteur en fonction des variations du succès reproducteur entre frères et sœurs, capturant les similitudes dans la prédisposition génétique de ces individus génétiquement liés, ainsi que leur proximité culturelle et socio-économique.
Résultats
La recherche établit que si une fécondité plus élevée conduit à un plus grand nombre d’enfants, un niveau intermédiaire de fécondité prédit le succès reproducteur à long terme. Le succès reproducteur maximal est atteint par les couples à fécondité modérée (dont le premier accouchement a eu lieu 65 semaines après leur mariage, par rapport à un échantillon médian de 53 semaines). Conformément à la sagesse conventionnelle, le panneau A montre qu’une fécondité plus élevée (c’est-à-dire un délai plus court jusqu’à la première naissance) a conduit à un plus grand nombre d’enfants. Néanmoins, la fécondité intermédiaire a maximisé le succès reproducteur à long terme. En particulier, le panneau B décrit une relation en forme de bosse entre la fécondité des chefs de lignages et leur nombre de petits-enfants. Le nombre maximal prévu de petits-enfants est de 48, associé à un niveau de fécondité modéré. De même, les panneaux C et D révèlent des relations en bosse entre la fécondité des chefs de lignages et leurs arrière-petits-enfants et arrière-arrière-petits-enfants. Le niveau optimal de fécondité est associé à 194 arrière-petits-enfants et 306 arrière-arrière-petits-enfants. À la lumière de l’héritabilité de la fécondité, le constat que le niveau optimal de fécondité est inférieur à la médiane de la population suggère que dans le Québec préindustriel, la représentation des individus ayant des niveaux de fécondité plus faibles, et donc une prédisposition plus élevée envers la qualité de l’enfant, a progressivement augmenté dans la population.
Fécondité, qualité des enfants et succès reproducteur à long terme
Nous identifions plusieurs mécanismes contribuant au compromis associé à une fécondité plus élevée et à l’effet en forme de bosse de la fécondité sur le succès reproducteur à long terme. Alors que les individus à faible fécondité avaient moins d’enfants, l’effet en forme de bosse observé de la fécondité sur le succès reproducteur à long terme reflète l’effet négatif de la fécondité sur la qualité de chaque enfant. En particulier, les personnes à faible fécondité étaient plus susceptibles d’avoir des enfants qui :
a survécu et s’est marié,
ont été éduqués.
Ainsi, malgré l’effet positif de la fécondité sur le nombre d’enfants, l’effet négatif de la fécondité sur la qualité et le succès reproducteur des enfants a généré la relation en forme de bosse observée entre la fécondité et le succès reproducteur à long terme.
Implication pour la formation de capital humain et la transition vers la croissance moderne
Les preuves du Québec préindustriel suggèrent que la sélection naturelle a favorisé les individus caractérisés par une fécondité modérée, augmentant la prédisposition de la population à investir dans la qualité des enfants. Fait intéressant, les conditions rencontrées par la population fondatrice du Québec au cours de cette période de haute fécondité ressemblent à l’environnement auquel les humains anatomiquement modernes ont été confrontés lors de leur migration hors d’Afrique, alors qu’ils colonisaient de nouveaux territoires où la capacité de charge du nouvel environnement était d’un ordre de ampleur supérieure à la taille de la population fondatrice. Les résultats soutiennent l’hypothèse selon laquelle pendant l’époque de stagnation, la sélection naturelle a favorisé les individus ayant une plus grande prédisposition à la qualité de l’enfant, contribuant à la formation de capital humain, au début de la transition démographique et à l’évolution vers une croissance économique soutenue.